Quand ils ont supprimé 11 000 postes dans l’Education nationale,
J’ai rien dit, j’ai regardé les manifs sur tf1, le soir après l’étude, et j’ai préservé mon pouvoir d’achat.
Quand ils ont supprimé les postes d’infirmières,
J’ai rien dit, j’ai appris par cœur le numéro des pompiers et du Samu.
Quand ils ont supprimé les postes Rased et créé le Soutien scolaire,
J’ai rien dit, j’ai orienté les élèves en difficulté et j’ai signé avec leurs parents des contrats qui n’engagent que la responsabilité de l’enfant en cas d’échec.
Quand ils ont supprimé les postes d’intervenants extérieurs,
J’ai rien dit, j’ai troqué la richesse humaine contre des heures supplémentaires et j’ai demandé aux parents de faire des gâteaux pour le départ de mes collègues.
Quand ils ont supprimé l’école le samedi et rallongé la durée scolaire journalière,
J’ai rien dit, j’ai félicité ceux qui dormaient en classe et j’ai puni ceux que la fatigue excitait.
Quand ils ont supprimé deux heures d’enseignement par semaine,
J’ai rien dit, j’ai appauvri le programme en me repliant sur les matières fondamentales et je me suis caché derrière le petit doigt de ma « liberté pédagogique ».
Quand ils ont supprimé la dimension culturelle et sociale de mon métier,
J’ai rien dit, j’ai appris aux enfants à lire, écrire et compter, en expliquant aux parents que pour la culture et la transmission des valeurs, la télé et les curés sont meilleurs que les instituteurs.
Quand ils ont supprimé la carte scolaire et fermé des classes en surchargeant les autres,
J’ai rien dit, j’ai vu s’enfoncer les élèves en difficulté et j’ai mis au point un programme à deux vitesses : un pour les bons élèves, un pour les largués.
Quand ils ont supprimé les cours d’histoire pour programmer des faits historiques et religieux,
J’ai rien dit, j’ai lu tout Guy Moquet et j’ai organisé un tour de France des monuments aux morts.
Quand il ont supprimé le droit de grève aux enseignants,
J’ai rien dit, j’ai signé une pétition pour réclamer l’arrêt immédiat de toute prise en otage de la population française par les Services publics et la libération d’Ingrid Bétancourt.
Quand ils ont supprimé les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM),
J’ai rien dit, j’ai pris des cours du soir en coaching et management.
Quand ils ont supprimé la culture générale pour la culture d’entreprise,
J’ai rien dit, j’ai mis mes enfants dans le privé et j’ai investi sur/pour eux.
Quand ils ont supprimé l’école publique,
J’ai rien dit, car il n’y avait plus personne pour écouter mon cours sur ses valeurs républicaines : la Liberté par le savoir ; l’Egalité par l’instruction obligatoire et gratuite ; la Fraternité par la laïcité et la mixité.
Dédié aux enseignants qui croient encore que, face au pire, il faut collaborer pour sauver sa peau.
Nicolas MARRET, parent d’élèves
« En fait, à moins que nous ne cherchiez à déserter l'esprit laïque et républicain, que sont donc les programmes de l'enseignement dans nos écoles primaires ? Sont-ce des programmes d'effacement, d'abdication, de neutralité dégradée, humiliée ? Non, c'est l'affirmation du droit politique de tous les hommes sous la forme de la République ; c'est l'affirmation du droit égal pour toutes les consciences de résoudre par la seule raison tous les problèmes de l'univers.»
Jean Jaurès – 1894
Commentaires
Merci Mr Marret pour cette éloge de la laicité et de l'école publique dont nous avons profité lorsque nous étions enfant et que nous aurions aimé transmettre à nos descendants.
Pour demain, des parents qui travailleront au Mac do pour arriver à avoir leurs annuités pour la retraite à 70 ans, et des enfants sans travail et sans rien dans la caboche.
Que deviendront ils ? de la chair à canon!!!
Merci Nicolas pour ce texte qui réveille les consciences !
Tu mérites le statut de LANCEUR d'ALERTE (http://sciencescitoyennes.org/spip.php?rubrique119) bien que pour l'instant ce statut (qui a du mal à faire son chemin), concerne plus les scientifiques que les artistes mais bon !