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nk603

  • Maïs NK603, le grain d'un chevrotin

     Orsay, le 22 octobre 2012

    Lettre Ouverte

    à  chaque membre des Académies de Médecine, d'Agriculture,

    de Pharmacie, des Sciences, des Technologies, et Vétérinaire

    Cher collègue,

     La semaine dernière, j’ai eu connaissance de trois informations surprenantes concernant une étude récente sur la toxicité du maïs NK603 :

     1/ Les chercheurs de l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) viennent d’être dotés, lors de réunions d’information, d’éléments de langage pour pouvoir répondre aux journalistes sur les résultats de cette étude… Sans recevoir copie de l’article en question pour s’en faire une idée personnelle ( ! )

     2/ A la dernière Conférence de Presse du CRIIGEN(sigle connu), Corinne Lepage indiquait qu’il était déjà arrivé que des experts de la Communauté Européenne rendent des avis sans avoir lu les documents concernés ( ! )

        3/ Ce vendredi 18 octobre, six Académies Scientifiques ont exprimé un avis négatif sur la publication des résultats expérimentaux portant sur le NK603, et leur interprétation.

    Alors, sans que les faits 1/ et 2/ puissent servir de base statistique fiable, je me demande néanmoins si, en tant que membre de l’une de ces Académies, vous avez eu accès à l’article critiqué par votre institution. Pour ma part, j’en ai tiré les graphiques ci-dessous, obtenus en regroupant les données portant sur « 10 males et 10 femelles », conformément à la « Ligne Directrice n°408 de l’OCDE pour les essais de produits chimiques » (21 sept 1998).

    En lisant l’article ci-joint pour obtenir plus de détails, vous rejoindrez certainement celles et ceux qui ont jugé favorablement son contenu, y compris les membres du Comité de Lecture du journal de toxicologie qui l’a publié. Face à de tels résultats, une attitude « scientifique » ne consisterait-elle pas à recommander le lancement immédiat d’expérimentations sur 2 ans portant sur un plus grand nombre de sujets ? Cette évidence ne figure pourtant pas en conclusion du communiqué de votre Académie, d’où mon étonnement.

    Je pense que cette étude marque un tournant à 96° (environ) dans l’évolution politique de l’expertise scientifique et de l’agriculture industrielle, un tournant que votre institution scientifique devrait savoir négocier.

    Comptant sur votre contribution pour atteindre cet objectif, veuillez agréer, cher collègue, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

    Dominique Béroule

    Chercheur en Sciences Cognitives

    domi@limsi.fr

     

     

    nk603,seralini,beroule,mais,monsanto,lettre,ouverteFigure 1. Durée de vie (de 0 à 700 jours, en abscisse) de 20 rats (en ordonnée) nourris avec une dose relativement faible de maïs NK603 sans Round-Up : 11% du régime quotidien pour les mâles, et une dose supérieure (22%) pour les femelles, plus résistantes. La courbe donnant l’évolution correspondante du nombre de rats (tracé rouge, épais) est superposée à celle d’un groupe témoin : 20 rats nourris sans OGM (tracé vert). On peut observer sur la courbe « régime NK603» la mort précoce d’une faible proportion d’individus (2 sur 20), suivie à mi-vie (vers le 400ème jour) d’une accélération significative de la mortalité, avec un déficit de 8 individus sur 20 par rapport au groupe témoin aux environs du 500ème jour.

     

    nk603,seralini,beroule,mais,monsanto,lettre,ouverteFigure 2. Apparition de grosses tumeurs non régressives chez une population de 20 rats nourris durant leur vie (700 jours au plus) avec du maïs NK603 (tracé rouge, épais) ou sans (tracé vert plus fin). On observe la même tendance que sur la Fig.1, à savoir : quelques individus atteints vers le 100ème jour (au-delà des 3 mois habituels d’expérimentation), puis un ‘décrochement’ net de la courbe « régime NK603 » autour du 350ème jour, qui reste ensuite largement au-dessus de la courbe correspondant au groupe témoin.