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  • La Renouée de Chevreuse

    Comme beaucoup de lecteurs du blog, j’ai la chance d’habiter Chevreuse et le Parc Naturel et de vivre dans ce cadre verdoyant et bucolique, au calme (en dehors des soirs de foot France/Portugal) et entre une chèvre et une vache (non je ne suis pas marié). Comme certain, j’ai en plus la chance de vivre au bord de l’Yvette et de connaître les émotions fortes les jours de crues (« Qui l’eut cru c’est le père Lustucru qui a bu l’eau du ru ???») et de profiter d’une végétation généreuse.

    Ainsi, depuis 15 ans environ se développe derrière chez moi un gros massif d’une plante qui forme de très hautes et denses tiges qui restent ensuite tout l’hiver. Au fil des années un mélange de générations entre le vert et le beige me grignote ma vue sur les champs et le paysage. Il y a dix ans environ nous avons commencé à arracher quelques tiges avec ma nièce, on appelait ça les « bambous » et nous les avons jetées dans les sacs végétaux du SIOM, sans trop se poser de questions. Ce n’est que cette année que mes voisins m’ont appris le nom de la bestiole : la renouée du Japon !!! Une plante très méchante, invasive, avec des rhizomes toxiques, des larges feuilles qui étouffent tout, une croissance ultra rapide qui détruit toute la biodiversité autour… en un mot : la vilaine ! Avec une amie nous avons donc entrepris au printemps l’arrachage d’un massif assez conséquent, environ 100 m² d’une densité variable accumulée depuis plusieurs années. Beaucoup de tiges sèches auraient pu être brûlées mais… les feux sont interdits. Résultat, avec une cinquantaine de sacs végétaux, j’ai commencé à m’intéresser au problème, à faire des recherches sur internet et passer quelques coups de téléphone ; mairie, parc naturel, SIAVHY, SIOM… et c’est là que je vais commencer à fouetter un peu avec mes tiges car en résumé tout le monde (ou presque) connaît le problème mais personne ne fait grand-chose !!! Cependant, pour être honnête, c’est pour des motivations totalement égoïstes, pratiques et esthétiques que je me suis attaqué à la renouée dont j’ignorais moi-même il y a encore quelques mois et le nom et l’existence…

    Concrètement la renouée à Chevreuse c’est un énorme massif derrière le parking en bas de Saint-Lubin, et beaucoup de petits massifs qui se développent le long de l’Yvette et du canal ou le long de la Goutte d’Or au niveau du rond-point raté par exemple. Sur le parking du pont Blonnier, qui vient de faire l’objet d’une coupe (adaptée aux contraintes renouée ?) et qui est un lieu de passage important, il faut surtout éviter que les gosses ne jouent avec les tiges et que les véhiculent n’emportent des débris car il suffit d’un fragment pour que la plante s’installe quelque part !
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    Conseils pratiques pour lutter contre la renouée
    Vous trouverez de nombreuses ressources et conseils pratiques sur le site du syndicat de l’Orge (confluent de l’Yvette et affluent de la Seine) (bien plus que sur le site du SIAVHY !!!) et notamment des consignes pour les professionnels :
    http://syndicatdelorge.fr/valoriser-ecologiquement-la-vallee/279-combattre-les-especes-invasives.html
    http://syndicatdelorge.fr/images/entretenir/renoueevallee.pdf
    http://syndicatdelorge.fr/images/entretenir/Renou%C3%A9e_professionnel.pdf

    En résumé, c’est une plante dont on ne se débarrasse pas mais dont un arrachage manuel et régulier avec incinération contribue à limiter la propagation. Il ne faut pas utiliser le « rotofil » qui disperse les débris et favorise la propagation par bouturage… Il ne faut pas non plus mettre les déchets dans les sacs destinés au compostage mais dans les ordures ménagères pour incinération. De toute façon, les racines sont tellement profondes et denses qu’une éradication totale est presque impossible... L’année 2016 sera évidemment un grand cru (humour toujours) pour la renouée ; déchirée, charriée et déposée dans de nombreux nouveaux sites et territoires, elle va pouvoir pousser et s’étendre encore davantage. Soyons clairs ; il n’y a rien à faire, aucune solution à court terme mais grâce à la science, aux biotechnologies et/ou à la génétique on finira bien par trouver un insecte mutant ou par créer une maladie pour en venir à bout… peut-être un phytosanitaire soft et utilisable près des rivières (rappelons que c’est évidemment interdit ; pas de Roundup sur les berges !!!).

    Coup de gueule contre les professionnels et les entreprises de jardinage…
    C’est probablement à cause de travaux de renforcement des berges et au déplacement de terres « contaminées », réalisés à l’époque par Paris Tropic que la renouée a franchi l’Yvette et est venue contaminer la berge qui est derrière chez moi mais depuis qu’elle se développe, plusieurs années, je suis passablement remonté contre l’entreprise JEV qui s’occupe de l’entretien de nos berges.
    1er reproche ; l’absence d’information, en tant que professionnel supposé connaître ces questions, ce prestataire aurait dû prévenir ses clients de la présence de cette plante et ce d’autant plus que de gros travaux de stabilisation des berges par des procédés de végétalisation ont été réalisés récemment.
    2ème reproche ; le personnel n’est pas correctement formé ou encadré. 3 employés n’ont pas été capable de reconnaître la plante, l’un deux ignorait même son nom. Suite à une réunion la consigne a été donnée de ne plus toucher aux renouées mais au moment du fauchage annuel (à coup de rotofil évidemment) le chef d’équipe n’avait visiblement pas signalé les zones à son employé non formé…
    3ème reproche ; le manque de communication et de concertation. Lorsque j’ai alerté le conseil syndical j’avais demandé une chose ; être prévenu du fauchage pour aller arracher mes pousses avant mais le mercredi 13 juillet, j’ai intercepté au dernier moment un employé bougon et au courant de rien. Au niveau de la résidence on me dit qu’eux-mêmes ne sont pas prévenus des dates et des heures de passage alors M. Montégut (vous étiez en copie de mon mail) je vous renouvèle cette simple demande : prévenez-nous de vos interventions ! Et ça vaut également pour les parkings afin de déplacer les voitures…

    Les institutionnels
    Globalement, les syndicats (SIAVHY / SIOM) et organisations diverses (mairie, Parc Naturel) sont tous dans une même logique ; on connait le problème, on en parle, on communique mais concrètement il n’y aucune véritable volonté ni moyens ! Par exemple, le PNRHVC (Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse) édite un guide des « Plantes Exotiques Envahissantes » et a même fait preuve de modernité en utilisant Google Earth pour un inventaire participative.
     http://www.parc-naturel-chevreuse.fr/sites/default/files/media/inventaire_pnr-eee.kmz
    Noble intention à condition de porter un tel projet dans la durée et d’y consacrer des moyens, en l’occurrence ce fichier n’a pas été mis à jour depuis août 2011, c’est-à-dire 5 ans… et au final on se demande bien à quoi il sert et quand on demande quels moyens concrets, des bras, un camion, un espace de stockage ??? Il n’y a rien. Même pas de retour de la personne soi-disant spécialisée dont on m’avait donné le nom et que j’avais mise en copie de mes mails…

    Du côté du SIOM, là encore de gros problèmes de formation ; une interlocutrice au téléphone m’a dit de mettre tout ça dans les sacs végétaux et m’a expliqué que la montée en température du compost détruisait toutes les plantes et leur capacité à se reproduire, ce qui dans le cas de la renouée est unanimement contredit un peu partout. Du coup je me demande bien qui fabrique ce compost et où il est utilisé… Par ailleurs, un petit message pour les gars de VEOLIA : ça serait sympa de ramasser mes sacs poubelles de renouée même quand ça ne tient pas dans le container et que je les pose à côté ! Là aussi un peu de formation serait sans doute utile…

    Je ne vais pas accabler le SIAVHY qui s’est déjà bien fait remarquer par sa brillante gestion et communication de crise pendant les inondations mais en gros il est sur la même ligne (on connait mais on fait rien) malgré quelques projets et chantiers d’envergure prévus (notamment le parking de Saint-Lubin) et par rapport au SIVOA qui gère l’Orge, le site web est quand même dramatiquement désert et vide sur la question des plantes invasives.

    Au niveau de la mairie, je tiens quand même à remercier les services techniques qui m’ont débarrassé de mes nombreux sacs, à titre exceptionnel, et à souligner que Le Médiéval du mois de juin/juillet/aout a consacré une pleine page à cette plante. Malheureusement nous avons eu droit à des photos très génériques et quelques consignes décalées (creuser la terre et la mettre dans les sacs poubelle ???) et mal ciblées. L’article a malgré tout le mérite d’exister mais il passe à côté de l’essentiel, à mon sens.

    Approche locale et pragmatique
    De mon côté je continue à arracher régulièrement des renouées derrière chez moi et nous avons convenu au sein de la résidence de mettre en place un arrachage citoyen et mensuel ; tous les derniers dimanches du mois nous nous retrouverons en période de pousse (avril à septembre je pense mais l’expérience nous le dira). Je suis très content et très fier de la mobilisation des riverains pour ce premier dimanche d’arrachage organisé le 24 juillet ; nous nous sommes retrouvés à une petite dizaine avec gants et sacs pour traiter plusieurs implantations de renouée et c’est sans doute quelque chose à étendre et à généraliser ; ces solutions locales et ponctuelles à base d’huile de coude sont sans doute la meilleure réponse, surtout sur des jeunes et petits massifs et avant qu’ils ne deviennent incontrôlables !

    La communication et la sensibilisation sont importants car trop de gens ignorent l’existence du problème, savoir que cette plante existe, la connaître et la reconnaître vont dans le bon sens mais si on veut vraiment la contenir il faut un vrai projet, de la coordination et des moyens par la puissance publique et là, nous en sommes très loin. Au travers de mon expérience anecdotique, je souhaite surtout ouvrir une réflexion sur la façon dont un problème complexe mais non critique de ce type, sans enjeux économiques directs, à l’échelle d’un grand territoire, est pris en charge par un ensemble d’acteurs disparates, collectivités, organismes publics, professionnels, particuliers,  et pas vraiment coordonnés. Il faut de la volonté et sans doute une autorité pilote avec des moyens… J’ai des idées en vrac qui me viennent sur la formation professionnelle, l’affichage sur les zones (une pancarte en bas de Saint-Lubin avec « Plante invasive – Ne pas couper ou déplacer »), des dérogations en matière de feu pour incinérer les renouées (les vieilles tiges brûlent très bien), un ou des espaces de stockage adaptés que les communes pourraient organiser et gérer, voir même des mesures plus autoritaires (des amendes ou des sanctions pour rotofilage de renouée par les professionnels par exemple ?!?) et je vous invite à utiliser les commentaires du blog pour lancer vous aussi des idées et suggestions !

    En effet, je reste un peu perplexe sur le sens, notamment écologique, que ça peut avoir d’arracher régulièrement une plante à forte croissance pour remplir ainsi des sacs poubelles et alimenter des incinérateurs… Il y a peut-être mieux à faire ? Une valorisation énergétique en biomasse ? L’utilisation comme fourrage ? On pourrait demander aux fermiers et aux éleveurs du coin ce qu’ils en pensent… En fait, ce qui serait vraiment bien je crois ça serait qu’un responsable politique local organise une réunion à la rentrée avec l’ensemble des acteurs énumérés dans cet article !
    Je vous souhaite de bonnes vacances et vous laisse sur cette ultime remarque ;  les plus belles choses à renouer c’est quand même les liens humains !

     

    .          André pour Le Blog de Chevreuse

    .    A la Saint Lolo, c'est la fête du lourdeau